Whatever happened to my rock'n'roll
Certaines situations vous amènent à être en colère contre vous même. C'est pas très agréable, mais je dois admettre que ça m'arrive souvent.
Il y a quelques mois de cela, je pense vivre l'un des plus beaux jours de ma vie, en achetant des tickets pour Black Rebel Motorcycle Club. Hystérie, joie, apoplexie, etc. Le concert est à Leeds, c'est à dire la porte à côté: une heure de train, et pif paf pouf, l'affaire est dans le sac. Puis, un doute m'assaille: le dernier train pour Hull étant à 22h22, est ce que le concert terminera à temps?!
Je me réfère donc à mes derniers concerts. Le dernier en date étant Queens of the Stone Age à Nantes, j'ai le souvenir d'avoir été chez moi vers 22h. C'est bon, on est large! train réservé!
Hier, nous grimpons donc dans notre petit train pour Leeds, des étoiles plein les yeux, mes albums de BRMC full blast dans les oreilles. La journée à Leeds a été très très agréable: contrairement à ce que tout le monde me disait, Leeds est vraiment une chouette ville (maintenant que j'ai vu Glasgow je suis en mesure de relativiser). Pour qui aime le shopping, c'est le paradis, et dieu sait que j'aime le shopping.
( en haut à gauche, mon humble personne)
Puis, vers 18h30, nous filons vers la salle de concert, le show prévu pour 19h. Peu de monde, étonnant, inquiétant? On fait la queue, on attend, les premières de la file. A 19h, on nous ouvre les portes, on se dirige directement dans la fosse, contre les barrières, au centre. On aurait mesuré, ça n'aurait pas pu être plus au centre que ça.
On commence à papoter avec le type de la sécurité de l'autre côté de la barrière, en attendant la première partie. On lui parle du train, et quand j'ai vu ses yeux ronds, j'ai compris. "Mais les filles, le concert finit à 23 heures!!"
Dire que j'étais contrariée serait un euphémisme: j'étais littéralement dévastée. J'ai envisagé rester dormir à Leeds toute seule, mais j'ai été trop peureuse pour mener mon projet à bout.
Il a donc fallu se contenter d'une heure de Black Rebel Motorcycle Club...Mais quelle heure les enfants! quelle heure! Notre emplacement absolument parfait m'a aidé à faire passer la pilule, et ma copine Bianca a été en charge des photos. De tous les concerts auxquels j'ai pu aller, ça a été le meilleur, et de loin. Mais de TRÈS, TRÈS loin.
Lorsque j'ai entendu les premiers accords de Red Eyes and Tears, j'ai été prise par une sensation à mi-chemin entre l'epilepsie et la catatonie. C'était parfait.
(ci-dessus, Peter Hayes, pendant "Red Eyes and Tears", avec ses petites beautés, des Gibson ES-335 _arrêtez-moi si je me trompe_)
(Robert "Turner" Been, et son Epiphone Rivoli vintage, une basse qui n'est plus fabriquée aujourd'hui...)
J'ai toujours été sensible aux différences dans les petites manies qu'on peut avoir en jouant d'un instrument. Et là j'ai été servie. Robert Turner dégage une énergie incroyable, le voir virevolter et tourner dans tous les sens est un spectacle en soi. Et moi qui ai souvent tendance à trouver la basse sous-exploitée, je dois dire que le voir jouer peut être qualifié d'Expérience, avec un E majuscule.
De son côté, Peter Hayes traite sa guitare comme s'il avait peur de lui faire du mal, avec une intensité assez troublante. Je me suis prise plusieurs fois à l'observer jouer sans décoller mes yeux tellement la vision a quelque chose d'hypnotique.
J'ai failli être broyée contre les barrières lorsque les premiers accords de Berlin et Ain't no easy way out ont débuté, et vous savez quoi? Eh bien c'était même pas grave, parce que voir Peter Hayes qui joue de l'harmonica, ça vaut la peine de se faire écraser contre une barrière (pour quelque raison mystérieuse, le voir jouer de l'harmonica et de la guitare en même temps me donne toujours des papillons dans le ventre...).
(Voilà. C'est de ça que je parle.)
D'ailleurs, un point sur la nouvelle batteuse. Nick Jago étant_encore_ parti, il a été remplacé par Leah Shapiro, et j'aime. Elle est vraiment super, super efficace. Elle a pas l'air méchante comme ça avec ses 30kgs, mais vraiment elle en jette.
Au bout d'une heure de concert il a fallu quitter nos places (qui étaient pourtant si parfaites...quel gâchis...) Pour remonter dans notre train. Alors qu'il restait encore une grosse heure de concert.
Parce que oui, BRMC, quand ils font un concert, c'est deux heures sans compter les rappels. Et je n'apprendrai à personne que ça n'est pas toujours le cas.
Donc un bon bilan: j'avais peur d'être déçue, tellement j'en attendais. Finalement, je ne pensais pas que ça puisse être possible, mais ça a été bien au delà de mes attentes...